Visite technique jordanienne à Ottawa pour la lutte contre la traite humaine

En Jordanie, les trafiquants d’êtres humains exploitent des Jordaniens et des étrangers, principalement à des fins de travail forcé et de servitude domestique. Pour lutter contre ce fléau, la Jordanie a mis en place une unité de police spécialisée, l’Unité de lutte contre la traite des êtres humains (AHTU), et a nommé des procureurs et des juges spécialisés pour traiter les affaires de traite humaine.  

Dans le cadre de l’initiative du Partenariat d’assistance technique – Mécanisme de déploiement d’experts (PAT-MDE) financée par Affaires mondiales Canada, les spécialistes canadiens Andrea Wojtak et Wayne Hissong ont formé des membres de l’AHTU, ainsi que d’autres unités de la Direction de la sécurité publique de Jordanie (PSD) et des premiers intervenants en Jordanie afin d’améliorer leurs capacités de lutte contre la traite des êtres humains. La phase initiale de cette formation a été livrée à 81 participants issus de différentes unités du PSD et d’autres organismes chargés de l’application de la loi. Au cours de la deuxième phase, des membres de l’AHTU ont été accueillis par Alinea International à Ottawa en mai dernier afin de se familiariser avec l’expérience des forces de l’ordre canadiennes en matière d’utilisation d’approches de lutte contre la traite des êtres humains tenant compte des traumatismes et centrées sur les victimes.    

Dirigée par le major Muhammad Al-Khalifat, chef de l’AHTU,la délégation comprenant le capitaine Yazan Sanad Salama Al-Tarawneh, le capitaine Nawaf Mufid Naeem Ali et la première lieutenante Abeer Muhammad Al-Shibli, tous membres de l’unité de lutte contre la traite des êtres humains du département des enquêtes criminelles de la PDS.  

La GRC a joué un rôle clé dans le soutien apporté aux Jordaniens dans cette assistance technique. Depuis deux ans, la GRC et l’équipe du PAT-MDE d’Affaires mondiales Canada travaillent à renforcer les connaissances, les compétences et la capacité globale de l’AHTU de la PSD jordanienne. Lors de cette visite, l’AHTU de la PSD a rencontré diverses agences de police au niveau national, provincial et municipal, ainsi que plusieurs autres organisations pertinentes pour apprendre les méthodes et techniques déployées au Canada pour lutter avec succès contre la traite des êtres humains. « La GRC est fière d’avoir joué un rôle de premier plan dans cette initiative remarquable et nous sommes impatients de continuer à apporter notre soutien à l’avenir », a déclaré Ali Fayad, Conseiller/Gestionnaire de programme/Officier de liaison international de la police – Amman, Jordanie.  

Au cours de cette visite, la délégation a eu l’occasion de rencontrer l’Ambassadrice de la Jordanie au Canada, S.E. Sabah Al Rafie, ainsi que son équipe et d’autres hauts fonctionnaires du gouvernement. Ils ont assisté à plusieurs présentations et réunions clés qui se sont concentrées sur les meilleures pratiques pour mettre en priorité la protection et le soutien des victimes et garantir un accès égal à la justice pour les minorités visibles et les populations diverses.  

« Ce programme est différent de toute autre coopération bilatérale que nous avons reçue par le passé », a déclaré le major Muhammad. « Il a comporté de nombreux volets au fil des ans, notamment la formation, le mentorat et l’échange des connaissances en personne. J’ai apprécié apprendre comment les affaires sont transmises au Canada à l’aide de la technologie et de la collaboration entre les ministères, les agences et les prestataires de services, en mettant l’accent sur l’aide aux victimes et leur réinsertion. Nous sommes impatients de renforcer notre capacité technique à lutter contre la traite des êtres humains. » 

D’autres sessions comprenaient une discussion approfondie avec un refuge pour les victimes de la traite, Une Nouvelle Journée (« A New Day »), mettant en évidence l’importance d’une approche de réhabilitation centrée sur la victime et informée par les traumatismes, adaptée aux objectifs et aspirations de chacun. Les défis de la réintégration des victimes dans leurs communautés d’origine ont également été abordés. Les histoires personnelles partagées par les survivants et les descriptions détaillées des programmes canadiens pour les victimes de la traite ont profondément touché les délégués.  

Simone Bell, de l’Unité de lutte contre la traite des êtres humains de la police d’Ottawa, spécialiste de l’aide aux victimes de la traite des êtres humains depuis plus de cinq ans, a souligné le fait que le soutien aux victimes n’est pas un processus simple. Elle a expliqué que la partie la plus difficile est la phase de sortie. La victime n’est plus en mode survie et commence à ressentir tous les traumatismes qu’elle a subis. Simone a également ajouté que les gens entendent souvent dire que la police « sauve » les victimes, alors que ce n’est pas le cas : le sauvetage des victimes vient d’elles-mêmes, et le rôle de tous les autres est de les soutenir.  

Collin Graham et Justine Barone, représentants de l’Association des femmes autochtones de l’Ontario (Ontario Native Women’s Association), ont fait part de leur expérience en matière de soutien aux victimes autochtones de la traite des êtres humains en Ontario. Ils ont expliqué le contexte du traumatisme intergénérationnel qui existe dans les communautés autochtones et celles des Premières Nations à travers le Canada en raison des conséquences du colonialisme et des violences subies. Par l’entremise de d’autres intervenants, Susan Orlando, de l’équipe chargée des poursuites en matière de traite des êtres humains en Ontario, a parlé des approches centrées sur les victimes, soulignant l’importance de donner la priorité aux besoins et au bien-être des victimes tout au long de la procédure judiciaire, et Matt Richardson, de l’Initiative de lutte contre la traite des êtres humains, a dispensé une formation OSINT (Renseignement de Source Ouverte) en tant qu’outil puissant pour faciliter les enquêtes.  

En réfléchissant à la visite, la spécialiste canadienne, Andrea a souligné l’importance de l’échange: « Nos collègues jordaniens sont repartis avec une meilleure compréhension des enquêtes centrées sur les victimes et des meilleures pratiques que leurs homologues canadiens utilisent pour lutter contre la traite des êtres humains au Canada. Wayne et moi sommes heureux que cette visite ait favorisé un échange inspirant d’idées et de bonnes pratiques avec la délégation. La possibilité d’entendre d’anciennes victimes et la coopération qui existe entre la police canadienne et les prestataires de services aux victimes ont été précieuses ».   

Christopher Yeomans, directeur du projet PAT-MDE, a remercié Alinea International d’avoir facilité cette visite au Canda. Il a reconnu que des progrès significatifs ont été réalisés dans le renforcement des relations bilatérales entre le Canada et la Jordanie et a remercié Wayne et Andrea pour leur incroyable travail de coordination d’un groupe impressionnant de partenaires canadiens des forces de l’ordre et de la société civile dans l’ensemble de l’Ontario.  

Pour plus d’informations sur cette initiative, veuillez consulter le profil du projet, la phase 1 et la phase 2.