
« Catalyseurs de changement : Voix des partenariats du PAT-MDE »
En Bolivie, une assistance technique de courte durée, déployée dans le cadre du Partenariat d’assistance technique – Mécanisme de déploiement d’experts (PAT-MDE), a introduit un nouveau programme de formation à la gestion des feux de forêt, adapté du système de commandement en cas d’incident utilisé au Canada. Le programme mettait l’accent sur les stratégies de prévention, comme les brûlages dirigés, et encourageait le leadership des femmes dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes. Parmi les participantes figurait Carmen Ortega, du Service national des aires protégées (SERNAP), dont l’expérience illustre comment une expertise ciblée peut inspirer le changement. Dans cette série, les partenaires du projet témoignent de la façon dont l’assistance technique a contribué à renforcer les capacités et à ouvrir de nouvelles voies vers un leadership inclusif. Le projet PAT-MDE est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada et mis en œuvre par Alinea International.
Contexte
En Bolivie, la gestion des feux de forêt a longtemps été confrontée à de grands défis en raison du manque de planification stratégique et de formation technique normalisée pour les pompiers forestiers. Bien que la Bolivie dispose d’une Loi sur la gestion des risques (Loi 612), son application et sa diffusion sont limitées, ce qui entraîne des interventions réactives et parfois une utilisation inefficace des ressources humaines et logistiques.
En 2023, avec l’appui d’Affaires mondiales Canada, un processus innovant de formation technique à la gestion des feux de forêt a été lancé en Bolivie. L’initiative a adapté le système de commandement en cas d’incident du Canada et promu l’utilisation des brûlages dirigés comme stratégie préventive. Elle a également encouragé la participation active et le leadership des femmes dans la gestion des feux de forêt, un domaine historiquement dominé par les hommes.
Carmen Ortega, alors responsable de la protection au sein du SERNAP, faisait partie des participantes sélectionnées pour cette expérience, qui incluait des sessions de « formation des formateurs » organisées dans trois localités, dont Tarija.
L’histoire de Carmen Ortega
« Je suis passée d’une connaissance de base à la capacité de diriger et de former d’autres personnes. Cette expérience m’a transformée en tant que professionnelle et en tant que femme. »
C’est ainsi que Carmen décrit sa participation au projet. Avant la formation, les interventions contre les feux en Bolivie étaient souvent improvisées :
« La première personne arrivée sur les lieux tentait d’éteindre le feu, sans stratégie ni planification. »
La formation technique et pratique lui a permis de comprendre l’importance d’organiser les interventions à l’aide du système de commandement en cas d’incident et de mettre en œuvre les brûlages dirigés comme outil préventif.La formation a inclus un volet transformateur inattendu : elle lui a donné l’occasion d’obtenir une bourse externe et de se rendre au Canada pour participer à la rencontre « Women in Fire ». Elle y a pu observer et pratiquer directement l’application des systèmes de commandement et des brûlages dirigés.
« C’était incroyable de voir comment les femmes y occupent des rôles de premier plan. Cela m’a motivée à croire que moi aussi je pouvais diriger. »
De retour en Bolivie, Carmen a appliqué les connaissances acquises et les a partagées avec ses collègues. En coordination avec le SERNAP et des groupes de pompiers forestiers volontaires, elle a dirigé la mise en œuvre du système de commandement et participé au premier brûlage dirigé à Tarija. Grâce à ces améliorations, un incendie dans la communauté de San Pedro de Sola — où en 2017 un feu avait détruit 40 % de l’aire protégée — a pu être maîtrisé en seulement deux jours.
Au-delà des résultats techniques, l’expérience a marqué un tournant personnel :
« Elle m’a encouragée à prendre des décisions importantes et à valoriser mes propres compétences. J’ai réalisé que je pouvais assumer de plus grandes responsabilités et que ma voix comptait. »
À la suite de cette expérience, Carmen a décidé de quitter le SERNAP, une décision qui reflétait sa nouvelle confiance en elle et sa détermination à donner priorité à ses objectifs et à son bien-être. Elle travaille désormais à l’aéroport international de Tarija, mais continue de se porter volontaire dans les activités de prévention et de lutte contre les feux de forêt, chaque fois qu’elle est invitée par les groupes de pompiers.
Conclusion
Ce projet s’inscrivait dans un effort plus large visant à renforcer les capacités locales en gestion des feux de forêt et à promouvoir la participation des femmes dans des secteurs traditionnellement masculins. Il a introduit de nouveaux outils, renforcé la coopération interinstitutionnelle et suscité l’idée de développer un curriculum officiel pour les pompiers forestiers en Bolivie.
Pour Carmen, ce n’était pas seulement une formation, mais un tournant :
« Elle m’a donné la confiance nécessaire pour diriger et pour montrer que les femmes peuvent aussi être à l’avant-garde de la gestion des feux de forêt. »
Grâce aux connaissances acquises et à l’appui du projet PAT-MDE, Carmen et ses collègues sont désormais mieux préparés à protéger des zones critiques comme la réserve de Sama, principale source d’eau de la vallée centrale de Tarija. Son histoire illustre comment la formation technique, combinée à l’inclusion et à l’autonomisation des femmes, peut engendrer des changements durables tant au niveau individuel qu’institutionnel.