Un chemin vers l’excellence

Contexte

En 2024, le Paraguay occupait le 149e rang sur 180 pays dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Bien que cette étude ne mesure pas la corruption réelle, elle reflète la perception du public à ce sujet dans le pays. L’Unité spécialisée dans les délits économiques et la lutte contre la corruption (UDEA) est une division du ministère public paraguayen chargée d’enquêter et de poursuivre les personnes impliquées dans des actes criminels portant atteinte aux ressources des institutions publiques. Ces crimes comprennent notamment la fraude, l’abus de confiance, la gestion de fait, le trafic d’influence, l’enrichissement illicite, le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale, la corruption active et la corruption passive.

De 2022 à 2025, le programme PAT-MDE, avec l’appui d’un expert canadien, a permis de renforcer les capacités du personnel de l’UDEA à mener des enquêtes et procédures en matière de lutte contre la corruption grâce à l’introduction de nouveaux outils. Deux initiatives successives ont été mises en œuvre, comprenant des formations et de l’accompagnement pour les procureurs et enquêteurs, ainsi que l’élaboration de cinq plans d’action portant sur des enjeux clés pour l’unité. Dans ce cadre, l’équipe de l’UDEA a mis en place des groupes de travail chargés de développer ces plans et de soutenir leur mise en œuvre ainsi que le partage d’apprentissage au sein du ministère public. Nous avons eu l’occasion d’échanger avec la Dre María Soledad Machuca, procureure adjointe de l’UDEA, qui nous a raconté son parcours.

L’histoire de Dre Maria Soledad Machuca

Maria Soledad a été impliquée dès le départ et a pu participer à la co-construction des objectifs et des résultats attendus des deux initiatives. Ce processus collaboratif a permis à l’UDEA et à l’équipe du PAT d’identifier les points communs entre le Canada et le Paraguay, servant ainsi de point de départ au travail mené au cours des années suivantes. En revenant sur son expérience, elle partage :

« J’ai beaucoup apprécié la façon dont Alinea a mené tout le processus, en travaillant concrètement sur les objectifs et les résultats attendus, ainsi que dans la sélection de l’experte, qui avait l’expertise nécessaire pour traiter de ces sujets. »

Un des résultats majeurs a été le renforcement de la collaboration interinstitutionnelle. L’UDEA avait auparavant tendance à fonctionner de manière isolée, mais l’initiative a permis de briser les barrières avec les autres institutions publiques.

« Le premier changement qui s’est produit chez moi , et je pense dans toute l’équipe , a été de faire tomber cette barrière qui nous faisait travailler comme si nous étions déconnectés des autres agences, » raconte María Soledad.

Ce changement a permis une approche plus coordonnée des enquêtes et des services publics. Elle explique également que, pour lutter efficacement contre la corruption, le blanchiment d’argent et les diverses formes de criminalité, il est essentiel de s’appuyer sur les connaissances et expertises de toutes les institutions concernées et de renforcer la communication entre elles. C’est ce constat qui a mené à l’élaboration d’un plan d’action spécifiquement dédié à la coopération interinstitutionnelle, afin de poursuivre les efforts pour lever les obstacles à la communication et à l’efficacité.

Un autre résultat important concerne un second plan d’action : le système de triage et de classification des dossiers. Avant les initiatives du PAT-MDE, l’UDEA traitait tous les dossiers reçus, même lorsque les chances d’aboutir à une conclusion satisfaisante étaient faibles en raison du manque de preuves, de capacités techniques ou de budget. Cela entraînait un engorgement et un gaspillage de ressources humaines et financières. À la suite de ce processus, il est devenu clair que pour améliorer la gestion des dossiers, l’UDEA devait se doter d’un système de triage pour mieux cibler les dossiers prioritaires. María Soledad explique :

« Je peux même vous dire que dans l’équipe du ministère public, des procureurs et des agents d’autres unités spécialisées nous ont dit : “C’est exactement ce dont nous avions besoin !” Le système de triage comblait un vide dans les procédures de l’UDEA, et grâce à sa mise en place, l’équipe peut désormais mieux prioriser les cas qui ont de réelles chances d’aboutir. »

Cinq plans d’action et groupes de travail correspondants ont été établis, et ces groupes poursuivent aujourd’hui leurs efforts pour développer des outils et des protocoles de coordination autour de cinq grands axes. Les prochaines étapes comprennent la validation du plan stratégique (qui regroupe les plans d’action) et le début de la mise en œuvre des nouveaux outils, protocoles et méthodologies destinés à renforcer l’efficacité de l’UDEA sur le long terme.

Conclusion

Pour María Soledad, les résultats obtenus avec l’appui du PAT-MDE lui ont permis de réaliser un rêve de longue date : renforcer le cadre institutionnel de son unité à travers une initiative collaborative impliquant toutes les parties prenantes du processus d’enquête. Elle avait identifié cette faiblesse depuis longtemps et savait que l’UDEA pouvait tirer parti d’outils, de méthodologies et de bonnes pratiques pour progresser. Elle se montre très optimiste :

« Je suis convaincue que l’UDEA enregistrera des résultats très positifs. Et je tiens à préciser que l’UDEA obtenait déjà des résultats auparavant, mais que grâce à ces initiatives, la gestion sera bien plus fructueuse. Nous avons identifié les priorités, nous savons comment y parvenir, et grâce à la coordination inter-institutionnelle et à la collaboration interne, nous avançons résolument vers l’excellence. »