
Catalyseurs de changement : Voix des partenariats du PAT-MDE
Au Sénégal, une assistance technique de courte durée offerte dans le cadre du partenariat PAT-MDE, en collaboration avec le ministère de l’Éducation nationale (MEN), a appuyé les réformes en cours visant à renforcer la qualité, l’équité et la résilience du système éducatif. L’initiative a contribué à faire progresser l’Appui budgétaire sectoriel RÉUSSIR (ABS RÉUSSIR) grâce à l’élaboration d’outils clés, notamment un diagnostic des obstacles à la transition scolaire et une stratégie nationale de rétention (PHARES). Par ce partenariat, l’expertise canadienne a permis de renforcer l’utilisation des données et les stratégies favorisant la rétention scolaire, afin que davantage de filles poursuivent leur parcours éducatif.
Le programme PAT est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada et mis en œuvre par Alinea International.
Contexte
Au Sénégal, l’accès à l’éducation s’est nettement élargi au cours de la dernière décennie, le taux de scolarisation au primaire ayant progressé de façon constante. Pourtant, le système éducatif fait toujours face à des défis majeurs : le taux d’alphabétisation demeure inférieur à 50 %, et la qualité des apprentissages varie fortement selon les régions.
Les filles, en particulier, continuent de rencontrer davantage d’obstacles à mesure qu’elles avancent dans leur parcours scolaire. Les taux d’abandon augmentent sensiblement lors du passage du primaire au secondaire, surtout dans le deuxième cycle.
Pour relever ces défis, le ministère de l’Éducation nationale (MEN) a engagé plusieurs réformes visant à renforcer la qualité, l’équité et la résilience du système éducatif.
En 2023, Joseph Biaye, coordinateur à la Direction de l’enseignement moyen et secondaire général (DEMSG), s’est investi activement dans la mise en œuvre des engagements du Sénégal dans le cadre du mécanisme d’appui budgétaire sectoriel RÉUSSIR. Il a supervisé la réalisation de deux livrables essentiels : un diagnostic des obstacles à la transition scolaire, notamment pour les filles et la stratégie de rétention PHARES, accompagnée de ses plans d’action.Cette collaboration s’inscrivait dans l’assistance technique du programme PAT-MDE, financé par Affaires mondiales Canada, en appui au PAQUET-EF (Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence de l’éducation et de la formation, 2018-2030) et à la politique de scolarisation obligatoire de 6 à 16 ans. Aux côtés de l’expert canadien Hugues Lavoie, Joseph a contribué à instaurer une plus grande rigueur dans l’analyse des données et dans l’élaboration de stratégies visant à orienter durablement les politiques éducatives.
L’histoire de Joseph Biaye
Pour Joseph Biaye, le travail mené dans le cadre de RÉUSSIR a été une occasion unique de s’attaquer à certains des défis les plus profonds du système éducatif sénégalais : maintenir les enfants à l’école, faciliter la transition entre les cycles, et lever les obstacles qui freinent particulièrement les filles.
« Les filles sont plus nombreuses à s’inscrire, mais quand on observe les taux de réussite et les transitions, elles demeurent désavantagées », souligne-t-il.
En tant que coordinateur à la DEMSG, Joseph a dirigé deux chantiers majeurs : le diagnostic sur les transitions et la stratégie PHARES. Sa collaboration étroite avec Hugues Lavoie lui a permis de découvrir à quel point la planification rigoureuse et l’appui sur des données fiables peuvent transformer les pratiques.
« Il fallait que chaque phrase soit étayée par des données, que chaque indicateur soit SMART », raconte-t-il.
Un exercice exigeant, mais profondément formateur. Cependant, les contraintes financières ont constitué un frein important, rendant indispensable un plaidoyer constant pour que les stratégies élaborées soient intégrées dans les budgets nationaux et locaux.
« Le diagnostic et la stratégie sont solides, mais pour changer la réalité des écoles, il faut des ressources et un engagement politique durable », précise-t-il.
Malgré ces défis, cette expérience lui a offert une nouvelle perspective sur la portée réelle des réformes éducatives.
« J’ai appris la rigueur, la planification et surtout l’importance d’aller sur le terrain pour voir ce qui se passe concrètement en classe », ajoute-t-il.
Conclusion
Pour Joseph Biaye, cette expérience a été bien plus qu’un exercice technique. Elle lui a inculqué une culture de rigueur, un respect accru des données et une compréhension approfondie du lien entre planification et impact concret. Surtout, elle a renforcé sa conviction que les réformes doivent se traduire dans les salles de classe, là où se joue réellement la réussite des élèves et en particulier celle des filles, qui continuent de faire face à de multiples obstacles. Grâce à l’assistance technique du programme TAP-EDM, financé par Affaires mondiales Canada, le MEN a pu renforcer ses capacités d’analyse et adopter des approches plus sensibles au genre et fondées sur des données probantes.
Pour Joseph, le véritable défi réside désormais dans la mise en œuvre concrète des stratégies et dans la mobilisation des ressources nécessaires pour que chaque enfant, fille ou garçon, puisse poursuivre sereinement sa scolarité.