Du travail de terrain au cadre stratégique : le parcours d’une géologue dans la gouvernance minière

« Catalyseurs de changement : Voix des partenariats du PAT-MDE »

Au Bhoutan, une assistance technique de courte durée dans le cadre du PAT-MDE a soutenu les efforts du gouvernement visant à renforcer la gouvernance du secteur minier, en conciliant les opportunités économiques avec les fortes valeurs environnementales du pays. Grâce à une évaluation du cadre de politique minière (Mining Policy Framework Assessment), des experts canadiens ont collaboré avec les responsables du Département de géologie et des mines afin de renforcer les capacités, d’améliorer la coordination et d’harmoniser les réformes nationales avec les meilleures pratiques internationales.Dans cette série, les partenaires du projet partagent leurs réflexions sur la manière dont une expertise ciblée a appuyé leurs efforts.Le programme PAT est financé par le gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada et mis en œuvre par Alinea International.

Contexte

Au Bhoutan, l’exploitation minière est essentielle au développement socioéconomique. Jusqu’à récemment, cependant, les discussions sur la gouvernance et la durabilité reposaient surtout sur des considérations juridiques, économiques et techniques, avec une intégration limitée des perspectives liées aux géorisques. Pour Phuntso Choden, géologue à la Division des géorisques du Département de géologie et des mines, le secteur minier semblait donc assez éloigné de ses responsabilités quotidiennes.

En septembre 2024, Phuntso a participé à Thimphu à un atelier de cinq jours sur la mise en œuvre du Mining Policy Framework (MPF). Animé par des experts du PAT-MDE en collaboration avec le ministère de l’Énergie et des ressources naturelles et le Département de géologie et des mines, et financé par Affaires mondiales Canada, l’atelier abordait des thèmes allant des cadres juridiques à l’engagement communautaire, en passant par la fermeture des mines et les garanties financières. Pour Phuntso, ce fut plus qu’une simple formation technique : ce fut le début d’un parcours lui permettant d’élargir sa vision et de comprendre comment sa spécialité scientifique pouvait nourrir les politiques publiques.

L’histoire de Phuntso Choden

« Mon travail s’est toujours concentré sur les sciences physiques : analyser la stabilité des terrains, évaluer les risques de glissements de terrain et de séismes, et mener des enquêtes de terrain pour protéger les infrastructures et les communautés », explique-t-elle. « Avant l’atelier, mes connaissances en matière minière étaient très limitées. Je connaissais les impacts physiques de l’exploitation sur le paysage, mais j’avais très peu d’exposition aux dimensions politiques, juridiques et de gouvernance qui encadrent les activités minières au Bhoutan. »

Pour Phuntso, l’atelier a été un véritable tournant :

« Cette formation a complètement changé ma perception. En découvrant les six piliers du MPF — notamment la gestion environnementale, les retombées socioéconomiques et la transition post-minière — j’ai compris que mon expertise en géorisques n’était pas seulement pertinente, mais essentielle à des pratiques minières durables. »

Si sa participation directe à la mise en œuvre du MPF reste limitée, la formation lui a donné la confiance nécessaire pour contribuer au-delà de son rôle technique.

« Ce n’est pas un changement immédiat ou spectaculaire, mais j’ai pu, au fil du temps, enrichir les discussions de ma division », ajoute-t-elle. « Grâce à cette formation, je peux désormais apporter des perspectives politiques que je n’avais pas avant. »

Elle décrit aussi une transformation personnelle :

« Issue d’un parcours très technique, cette formation m’a donné les moyens de dépasser ce cadre. Elle a renforcé ma capacité d’agir de manière interdisciplinaire et m’a permis d’adopter une approche plus résiliente face aux enjeux de développement du pays. »

Phuntso souligne enfin l’importance de relier la science aux politiques publiques :

« En tant que géologue, je comprends maintenant que je peux jouer un rôle clé pour faire le lien entre les deux. Le MPF met l’accent sur les politiques, et avec mon bagage scientifique, je peux contribuer à les renforcer. Une bonne gouvernance minière ne repose pas seulement sur des lois ; elle doit aussi s’appuyer sur l’application des connaissances scientifiques au bon moment. »

Conclusion

Pour Phuntso, le changement le plus important est une évolution de perception. Ce qui lui semblait lointain est désormais un espace où elle sait pouvoir jouer un rôle.

« Avant, je ne savais pas vraiment comment les cadres politiques et juridiques fonctionnaient dans le secteur minier. Après la formation, j’ai compris qu’il existe des règles et des normes précises auxquelles il faut se conformer. Mon plus grand changement est donc un changement de perception. »

Elle considère aujourd’hui son domaine des géorisques comme essentiel à l’avenir de la gouvernance minière au Bhoutan.

« Lors de la planification ou de la fermeture d’un site, l’évaluation des géorisques est incontournable. Il faut rapprocher science et politiques, et progressivement, notre domaine trouve sa place. »

Son histoire illustre comment une intervention brève mais ciblée peut transformer une trajectoire professionnelle et élargir le rôle des experts techniques dans les discussions politiques, la mise en œuvre des réformes et les changements durables.