16 Jours d’activisme

Profil d'une spécialiste canadienne PAT-MDE

Anju Fujioka – une spécialiste canadienne qui appuie l’initiative d’assistance technique TAP en Gambie.

  1. D’où venez-vous ?

Depuis 15 ans, j’habite au Canada. Avant cela, j’ai vécu en Norvège, en Inde, à Oman et au Japon.

  1. Quand vous étiez enfant, que vouliez-vous faire quand vous seriez grande ?

Je voulais être enseignante ou travailleuse sociale, mais ma mère m’a toujours dit que je serais avocate. Elle avait raison.

  1. Comment êtes-vous devenue avocate, spécialisée dans les affaires d’agression et d’abus sexuels ?

En un mot, la sérendipité. Quelques mois après le début de mes études de droit, j’ai rencontré un avocat dont toute la pratique consistait à représenter des victimes d’agressions sexuelles. J’ai tout de suite su que j’avais trouvé le métier de mes rêves. Depuis lors, j’ai créé un cabinet qui se consacre à la représentation et à la défense des survivants de violences sexuelles et sexistes.

  1. Quels sont vos projets actuels ?

Dans le cadre de l’initiative PAT-MDE, je collabore avec l’Unité chargée de la Violence sexuelle et sexiste (VSBG) au sein du ministère de la Justice de la Gambie afin de dispenser une formation aux policiers, aux procureurs et aux magistrats. Le mandat de l’unité VSBG est de documenter et de poursuivre les délits sexuels, en particulier contre les femmes et les enfants. Notre travail de renforcement des capacités vise à rendre le système juridique pénal plus centré sur les victimes afin que le système judiciaire soit accessible aux survivants et mieux équipé pour répondre aux crimes de VSBG.

  1. Qu’est-ce que l’égalité des sexes pour vous, en ce moment ?

L’égalité des sexes est l’égalité d’accès aux ressources, aux opportunités et aux protections, quel que soit le sexe de la personne. L’égalité de protection contre les préjudices liés au genre est particulièrement importante. Nous ne pouvons pas atteindre l’égalité des sexes sans démanteler les systèmes qui perpétuent les cycles de violence et d’abus sexuels et sexistes.

  1. Qu’est-ce qui vous inspire dans le travail que vous faites ?

J’aime pouvoir contribuer à la quête de justice et de responsabilité des survivants. Je suis également inspirée par mes collègues défenseurs et survivants qui conservent leur force, leur courage et leur persistance, même face aux mouvements sociaux régressifs, à la violence et à la répression.

  1. Qu’offrez-vous d’autre à votre communauté ?

L’éducation, la sensibilisation et le plaidoyer sont essentiels à tout changement social. En dehors du travail, je siège au conseil d’administration d’Anova, un centre d’hébergement et d’aide aux victimes d’agressions sexuelles en Ontario, au Canada. Je participe également à diverses initiatives d’éducation juridique du public liées à la violence sexuelle, aux options offertes aux survivants et à la pratique du droit tenant compte des traumatismes.

  1. Quelle serait l’une de vos plus grandes réalisations ? 

Je suis fière d’avoir été capable d’aller de l’avant après certains des moments les plus difficiles de ma vie et d’appliquer ces expériences à mon travail avec les survivants.

  1. Quelle est votre activité favorite pour vous détendre, pour le plaisir ? 

J’aime courir le long de la rivière par beau temps. Mais en hiver, je préfère passer une soirée à préparer un repas décadent à trois plats avec ma meilleure amie.

  1. Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui s’efforcent de réduire la violence sexiste contre les femmes et les filles ?

Un collègue avisé a récemment mentionné que les personnes travaillant dans le secteur de la violence liée au sexe célèbrent rarement leurs réalisations. Nous pouvons être réticents à prendre le temps de reconnaître les aspects positifs lorsque nous travaillons dans un domaine marqué par les traumatismes, la violence et la mort. Le travail visant à réduire la violence sexuelle et sexiste peut sembler interminable. Malgré cela – ou peut-être à cause de cela – il est essentiel que nous reconnaissions nos réussites individuelles et collectives.

  1. Un mot de conclusion, une parole de sagesse que vous souhaitez nous laisser ?

C’est peut-être banal, mais chacun a un rôle à jouer dans la réduction ou l’élimination de la violence liée au sexe. Le plaidoyer incessant des individus, des activistes et des organisations de la société civile a conduit à des conversations et des changements importants aux niveaux local, national et international. Mais un véritable changement ne peut se produire que si nous adoptons une approche globale de la société. Les institutions – tant publiques que privées – doivent examiner leurs systèmes et leurs pratiques. Nous devons investir davantage dans la prévention et la protection – et l’éducation en est un élément clé. Nous devons parler aux hommes de la violence liée au sexe et rompre les cycles de la violence. Nous devons offrir aux survivants des options qui leur permettent de rechercher la responsabilité, la justice et la guérison à leurs propres conditions.